Bach, J-S : La Passion selon Saint-Matthieu

Jean-Sébastien Bach (1685-1750) : La Passion selon Saint-Matthieu, BWV 244

Extrait de l'entretien mené par Klaus J. Schönmetzler avec Enoch zu Guttenberg à propos de son interprétationde la Passion selon saint Matthieu. Pour commencer, une question tout aussi banale que fondamentale : pourquoi encore une Passion selon saint Matthieu? Hé bien, au cours de lannée commémorative de Bach en 2000, chaque vision courante de la chose avait envahi une fois de plus le marché. Dans ce contexte, nous sommes restés consciemment en retrait. Car notre vision des choses navait pas beaucoup en commun avec tout cela. Certes, nous nous efforçons dapporter tout ce que nous avons appris de la pratique dexécution historique, mais consciemment sur des instruments modernes parce que le rendu de la sonorité est finalement plus brillant. Nous savons combien les musiciens baroques souffraient de ce que leurs instruments ne pouvaient pas toujours servir leurs intentions artistiques. Mais ce nest quun aspect du problème. Lautre est mon affinité personnelle à lEvangile que je place toujours au-dessus de la musique. Car lintention de Bach était aussi de servir lEvangile par sa musique. Mais labsurde est que si lon tente de vivre lEvangile comme le voulait Bach à lévidence, on est dénoncé comme romantique un reproche que lon madresse depuis 30 ans. Toutefois, ce reproche est devenu pour moi entretemps une zone de tension intéressante. Cela signifie que je laccepte sans problème. Car jexploite aujourdhui de manière extensive le savoir-faire de la pratique dexécution historique et constate que si lon met à profit ce savoir-faire sans concession, le cercle se referme inopinément et lon revient soudain exactement aux positions pour lesquelles on avait tout dabord été décrié comme romantique.