The Worlds of Gilles Racot

Gilles Racot (1951-*) : // CD 1 “Musiques mixtes (instruments et électroacoustique)” : Versus, Temps Composés, Hautes lices pour orchestre à cordes, trois percussionnistes et électroacoustique, Vifs instants pour petit ensemble instrumental // CD 2 “Musiques mixtes et électroacoustiques” : Chronomorphoses - Suite électroacoustique en 10 mouvements, Anamorphées, Noctuel pour basson et électroacoustique (Hommage à l'oeuvre de Pierre Soulages) // CD 3 “Musiques électroacoustiques” : Bec et plumes (Hommage à l'œuvre de Patrick Ascione), Matières d'espaces, Épiphonies, Noir lumière

Ensemble Proxima Centauri / Ensemble 2e2m / Pierre Roullier, direction / Paul Méfano, direction / Orchestre Philharmonique de Radio France / Alain Altinoglu, direction / Alexandre Ouzounoff, basson

Daniel Teruggi : J'aime poser des questions directes… Pourquoi tu fais de la musique, Gilles ?

Gilles Racot : Ça c'est une question ! En fait comme beaucoup de compositeurs cela a débuté sur un coup de foudre… Avant ce coup de foudre, je n'avais pas vraiment connaissance de la musique classique… Je ne connaissais que la musique populaire, la chanson ou la musique de danse... le twist, par exemple ! Je n'avais comme expériences musicales que les cours de solfège au collège. Il y avait durant ces cours un chahut invraisemblable durant lequel je ne voyais aucun intérêt à y participer positivement. Jusqu'au jour ou le professeur de musique eut l'idée d'amener un électrophone à la place de son guide-chant. La musique qu'il avait choisie était la « Toccata et fugue en ré mineur » de Jean-Sébastian Bach. Dès la toccata un calme relatif s'installa… mais à l'entrée de la fugue, un silence absolu se mit à régner ! Mes camarades de classe étaient bouche bée, tous émus par la force expressive de ce passage. L'émotion que je ressentis par la puissance mystérieuse de cette musique et le silence presque religieux de mes camarades fut pour moi un vrai « coup de foudre ». Je me suis alors décidé d'étudier la musique pour pouvoir composer et pouvoir utiliser ce langage capable d'une telle puissance. Je me suis mis très vite à composer. La raison principale pour laquelle je me suis mis à composer et pourquoi je continue à le faire, c'est de trouver des moments de cette qualité là. De pouvoir captiver l'écoute de l'auditeur par le son, par un monde vivant, articulé de tensions, de détentes, de ruptures, de mutations, de trouver comment générer une intensité d'émotions musicales… sans perdre leur attention.